Du Garde-Meuble à l’Hôtel de la Marine
À la différence des autres places royales qui ont en exigence d’être composées d’immeubles aux façades toutes identiques, la place de la Concorde n’est construite que sur un seul côté occupé par deux palais conçus par Ange-Jacques Gabriel.
Issu d’une longue lignée d’architectes, il a succédé à son père Jacques V Gabriel aux postes de directeur de l’Académie Royale d’architecture et Premier Architecte du Roi lequel est un amateur d’architecture. La relation entre les deux hommes est suffisamment étroite pour que leurs entrevues débordent largement l’ordre protocolaire et donne lieu à des séances de travail autour de la table à dessin. Cette proximité n’ira pas sans quelques « tiraillements » avec les responsables des bâtiments du roi qui, à cette époque, viennent de la famille de la marquise de Pompadour ; laquelle accorde toute sa confiance à Ange-Jacques Gabriel.
La Colonnade du Louvre édifiée du temps de Louis Le Vau, Charles Le Brun et Claude Perrault est considérée comme un chef-d’œuvre du classicisme français. Elle inspire largement les travaux de Gabriel qui reprend la division entre un soubassement recouvrant une galerie, un bel étage sur deux niveaux avec une loggia et une colonnade ; et une balustrade en dernier niveau pour masquer une couverture aux combles bas. La plus importante des originalités de Gabriel est d’avoir scindé cette colonnade en deux palais identiques (96 m de long pour 25 m de haut) avec les frontons sur les extérieurs sur des avant-corps de quatre colonnes encadrant trois travées et regroupant tous les parements à l’extérieur : sculptures entre les balustres et les frontons, médaillons couverts de guirlandes et niches.
Ces deux palais marqueront le siècle des Lumières et une rupture entre l’ancien style rocaille et un nouveau classicisme fait de simplicité et sobriété. Le palais oriental accueille dans un premier temps le Garde-Meuble du Roi lequel est placé à partir de 1770 sous l’administration de Pierre-Élisabeth de Fontanieu jusqu’à sa mort en 1784. Dans son administration il donne à sa fonction un rôle de faiseur-de-mode et, un jour par mois, ouvre au grand-public la visite des collections. Marc-Antoine Thierry de Ville-d’Avray lui succède jusqu’en 1792. La restauration entreprise ces dernières années donne une lecture des intérieurs aristocratiques du siècle des Lumières.
Sources documentaires : Hôtel de la Marine, éditions Beaux Arts & Cie, Jacques Hillairet Dictionnaire historique des rue de Paris ; éditions de Minuit 1963.
5 septembre 2021