L’Ange de la rue Turbigot
Énigmatique, l’Ange du 57, rue Turbigot toise le croisement des rues Réaumur, Turbigot et Beaubourg. Raymond Queneau dans un texte de 1955 sur ses deux années passées à tenir sa chronique Connaissez-vous Paris ? raconte comment les explications parfois fantaisistes sont proposées par les gens de la rue. Dans un rêve — évidemment prémonitoire — un homme a vu un ange avec son sac à la main. Le lendemain jouant à la loterie il remporte le gros lot et décide la construction de cet immeuble où il fait figurer cette cariatide géante. Agnès Varda, dans un court métrage de 1984, Les dites cariatides, mène l’enquête dans le voisinage. On la nomme La dame au sac, La fortune au brin de myrrhe ou L’ange du bizarre sans qu’on sache qui ? quand ? pourquoi ?. C’est dans un livre écrit par Françoise Goy-Truffaut que nous avons lu l’explication la plus convaincante. En 1852 l’école des Beaux-Arts, en hommage à Augustin-Jean Fresnel l’inventeur des lentilles éponymes (appelées alors lentilles à échelons) ; ouvre un concours de projet de phare. On en retrouve une reproduction dans La revue d’architecture. Un projet de E. Delange (élève de M Danjoy) met l’ange en arrière plan d’un phare… comme sur l’immeuble elle porte un brin de myrrhe sans que soit figurée sa main droite. L’immeuble ne porte aucune signature ni d’architecte ni de sculpteur… Nous n’en savons pas plus.
Sources documentaires : Paris façade un siècle de sculptures décoratives, Françoise Goy-truffaut, Éditions Hazan 1989.