• Bourse de Commerce, Halle aux blés, Collection François Pinaul
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La Halle au Blé ou l’éloge du cercle

La réouverture de la Bourse de Commerce qui abrite la collection d’art moderne de François Pinault redonne vie à un monument original du paysage parisien. Construit durant le siècle des Lumières pour servir de Halle au Blé (orge, fèves, lentilles…) il se singularise par une construction en anneau et des immeubles alentours permettant une desserte en étoile.

Le site — initialement occupé par l’hôtel de Soisson construit entre 1572 et 1578 par Jean Bullant sur la commande de Catherine de Médicis désireuse de s’éloigner de Saint-Germain-l’Auxerois — offre l’avantage d’un espace suffisamment vaste pour concevoir un quartier qui réponde aux exigences de salubrité du siècle des Lumières. Pour le délimiter aujourd’hui il faut prolonger l’actuelle rue Vauvilliers jusqu’au parvis ouest de l’église Saint-Eustache, suivre la rue coquillère jusqu’au croisement de la rue Jean-Jacques Rousseau, rejoindre le pan sud-ouest de la place des deux écus et longer celui-ci jusqu’à la rue Berger (la rue du Louvre n’est percée qu’en 1888).

Depuis la mort de Catherine de Médicis, l’hôtel de Soisson est la propriété de la famille Carignan-Soisson. En 1718 il revient par héritage à Victor Amédée de Savoie, prince de Carignan qui souhaite tirer profit d’une fortune aussi considérable. Le terrain a l’avantage d’être à proximité des halles, clos, bordé de rues et l’hôtel peut très facilement servir de carrière… En 1740 tous les projets du prince ont échoué, il est criblé de dettes, au seuil de la mort et ses créanciers, nouveaux propriétaires, se tournent vers la ville de Paris qui se montre hésitante. En 1748, anticipant une possible vente de l’hôtel de Soisson en carrière, Louis Petit de Bachaumont un amateur de littérature, de peinture et d’architecture, pour la soustraire aux démolisseurs et préserver une « curiosité », se porte acquéreur de la colonne Médicis pour 1800 Livres… et la revend quinze jours plus tard pour la même somme au Bureau de la Ville avec exigence de la conserver dans son intégrité. Énigmatique, cette colonne suscite engouement et interrogations dans l’opinion publique qui y voit une colonne astrologique. Accolée aux appartements privés de la reine, elle renferme un escalier qui, par une volée de 147 marches, débouche 31 mètres au-dessus sur un chapiteau carré marquant les quatre points cardinaux et cerclé de tiges de fer enfermant l’astrologue monté observer les étoiles.

En 1755 la ville devînt seule propriétaire du lieu dans la perspective d’y construire une halle au blé. Jusqu’alors l’alimentation en céréale de Paris se faisait en trois points. Place de Grève accostaient les bateaux arrivant des plaines céréalières en amont ; entre le Pont-Neuf et le Louvre, ceux en provenances des plaines en aval ; et une halle au blé située à proximité du carreau du pilori — a peu près au croisement de la rue de la Cossonnerie et de l’actuelle rue Pierre Lescot — accueillait le blé des producteurs situés dans un rayon de dix lieues autour de Paris. L’avantage de cette halle tenait au nombre important de petits producteurs qui apportaient tous les jours une production vendue dans la journée. La Halle au Blé souhaitée devait répondre à des exigences contradictoires. Pierre-Simon Malisset — responsable des grains du Roi — reproche aux halles couvertes d’être trop sombres pour une lecture de la qualité de la farine (laquelle s’accommode mal des intempéries) mais le commerce de gros se satisfait très bien d’un lieu protégeant les stocks importants apportés par bateau.

Une solution novatrice

La solution de l’architecte Nicolas Le Camus de Mézières, avant-gardiste pour l’époque, propose une halle annulaire de 68 m de diamètre entourant une place ronde de 40 m. Une desserte de 12,5 m de large — la rue de Viarmes — ouvre sur cinq rues en étoile de 7,7 m rejoignant les cinq angles extérieurs du lotissement plus une sixième de même largeur dans l’axe de la rue des Vieilles-Étuves (l’actuelle rue Sauval entre les rues Saint-Honoré et Berger). Les travaux se déroulent entre 1763 et 1769. Ils supposent la construction simultanée des immeubles alentours — lesquels ne doivent pas être plus haut que la halle — et doivent s’accommoder de la présence de la colonne Médicis. Celle-ci était accolée aux appartements de la reine ; elle la sera à la bordure de la halle. Trois exigences contraignent Camus de Mézières à des choix novateurs : une halle aussi lumineuse que possible, aérée, et préservée des incendies. La Halle au Blé s’ouvrira sur l’extérieur comme sur l’intérieur par 25 arcades toutes identiques, parmi lesquelles 6 en perspective des rues rayonnantes, faciliteront la circulation et le passage des chargements alors que les 19 restantes ne laisseront passer que les « gens de pieds ». Deux escaliers à double révolution et diamétralement opposés donnent accès à l’entrepôt, lequel est ajouré et ventilé par 25 ouvertures au dessus des arcades. Pour prévenir tous risques d’incendie et éviter les insectes xylophages il couvre l’entrepôt d’une voute en brique. Autres nouveautés : un « bureau des poids et mesure du roi » et un centre de police enregistre toutes les transactions et permet à Antoine de Sartine, lieutenant général de Police, de « mettre en scène » l’approvisionnement (il fait entasser les réserves devant les fenêtres pour rendre visible l’abondance et éviter les rumeurs de disette).

Très vite, la forme circulaire de la halle et le lieu facilement contrôlable — le 3 mai 1775 les émeutiers de la Guerre des Farines ne peuvent pas la piller — vaut à la Halle au Blé d’être aussi utilisée comme salle des fêtes. Les six rues rayonnantes et la rue de Viarmes facilitent l’accès à la halle et la circulation des voitures ; les ouvertures de l’entrepôt sur le carreau offrent un logement idéal aux spectateurs alors que le rez-de-chaussée permet d’organiser la distribution de nourriture et de boissons. La première se déroula le 21 janvier 1782 pour fêter la naissance du dauphin et sera suivie de nombreuses autres durant la Révolution. Très vite la Halle au Blé s’avère trop petite et oblige à occuper systématiquement le carreau central (et exposer les grains aux intempéries) ; enfin des problèmes de structures laissent apparaître des fragilités et obligent à reprendre des travaux, d’autant que la construction initiale n’a pas été prévue pour une coupole en pierres ou briques. Les architectes Jacques-Guillaume Legrand et Jacques Molinos choisissent de réhabiliter une idée de Philibert Delorme et proposent une coupole en planches recouvertes d’ardoises, plus légère, qui ne sollicite pas trop la structure portante et dont la réalisation reste économique et rapide à mettre en œuvre. Les travaux débutent sous la conduite du maître menuisier André-Jacob Roubo le 20 juillet 1782 (auteur de L’art du Menuisier) ; une commission de l’Académie d’Architecture contrôle son achèvement le 30 septembre 1783. Cette coupole offrait également l’avantage d’intégrer des baies vitrées ajourant le carreau dans l’axe des arcades. Cette réalisation, à l’époque saluée comme la plus grande coupole du royaume (seules les coupoles du Panthéon et de Saint-Pierre de Rome sont plus grandes) ; impressionna Thomas Jefferson — ambassadeur à Paris — qui la prit en modèle dans ses exigences architecturales à la couverture de la chambre des représentants au Capitole de Washington. Destins croisés : la coupole de la Halle au Blé disparaît dans un incendie en 1802… tout comme celle de Washington en 1814.

Après le bois, le fer

Pour lui succéder on organise un concours, on débat, on conteste, on tergiverse et on finit par adopter en août 1807 la solution proposée par François-Joseph Bélanger. Une coupole en fer qui aura le mérite d’être moins lourde qu’une coupole en pierre ou en brique ; ne devrait pas brûler ; n’interrompra pas le travail habituel de la halle et, dans la compétition avec l’Angleterre, montrera un savoir-faire innovant (ce sera la première coupole en fer de son temps). Cette charpente composée de 51 fermes cerclées de 14 ceintures et couverte de feuilles de cuivre souffrait dès sa conception d’un défaut d’ouverture qui limitait l’entrée de la lumière aux seules fenêtres latérales de la lanterne. En 1838 il fut pratiqué des ouvertures entre les 3ème et 5ème entretoise sans pour autant arriver à la lumière dispensée par la coupole précédente… En définitive, ça n’est qu’en 1881 lors de la transformation de la Halle au Blé en Bourse de Commerce que cette coupole fut redécouverte et réhabilitée. Entre temps l’insalubrité du quartier et de ses six étroites ruelles et l’évolution du commerce du blé avait limité l’activité de la Halle au Blé à celle d’un dépôt sans réelle utilité ; et les pavillons Baltard construits en 1850 réduisaient les halles de Le Camus à un anachronisme. La solution proposée en 1881 par le Comité Central des Chambres syndicales de transformer la Halle au Blé en Bourse de Commerce avait alors le mérite de recycler cette architecture à moindre frais tout en restant dans l’originalité du cercle. De la construction originale seuls furent conserver l’escalier à double révolution utilisé par les forts des halles, la colonne Médicis et l’enceinte intérieure entourant le carreau central et supportant la coupole (laquelle fut en partie occultée pour recevoir une fresque à la gloire du commerce dans le monde). A bien des égards les solutions adoptées ne pouvaient qu’être une déclinaison des halles de Le Camus de Mézières. Seul le percement de la rue du Louvre en 1888 entre la rue Coquillère et la rue Saint-Honoré et traversant le lotissement délimité jusqu’alors par la rue Jean-Jacques Rousseau ; amenait à la création du portique d’entrée dans l’axe de la rue du colonel Driant en séparation des deux blocs symétriques aux façades et aux courbes entrant en résonance avec la Bourse de Commerce et ses nouveaux pilastres.

Aujourd’hui, ultime évolution, la transformation de la Bourse de Commerce en centre d’Art contemporain consacre le parti-pris de Le Camus de Mézières en ajoutant, à l’image d’une poupée russe, un cylindre supplémentaire de 9 mètres de haut conçu par Tadao Ando et desservant les premier et second niveaux.

A gauche 3 images de Charles Marville montrent les immeubles alentour, la coupole de la halle au blé et ses ajours et les candélabres intérieurs. A droite une image de la construction de la bourse de commerce en 1887 et dénudant la coupole.

Sources documentaires : La Halle au Blé de Paris 1762-1813, Mark K. Deming, AAM éditions. Histoire et dictionnaire de Paris, Alfred Fierro, Bouquin, Robert Laffont. Bourse de commerce Pinault collection.

 

le en fer, François-Joseph

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bélanger,